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ECHANGE AVEC ARMAND THOINET

Par ADELINE PORTE, publié le mardi 15 septembre 2020 11:41 - Mis à jour le samedi 31 octobre 2020 18:39
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Interview réalisée en juin 2019 dans le journal Handirect

J’ai toujours été sportif avant ma maladie. Au moment du diagnostic, j’étais désemparé. J’ai tout arrêté pendant 3 ans. Je ne voyais pas comment je pouvais m’épanouir avec le sport en sachant que jamais je ne pourrais retrouver mes facultés d’avant. Je ne voulais pas avoir à me comparer. La solution a été d’essayer des sports totalement nouveaux, pour lesquels je n’avais aucune référence. De cette manière, il me serait impossible de faire des comparaisons. Mes bras fonctionnaient à peu près correctement il y a 4 ans, donc la première solution a été de me mettre au kayak en trouvant des adaptations. Petit à petit, mon système musculosquelettique a commencé à mieux fonctionner. J’ai pu recommencer à pédaler, sur un tandem avec un ami valide devant, car je n’ai pas assez d’équilibre pour faire du vélo classique. Mon ami compense mes pertes d’équilibre.

Je me suis aussi mis à la marche, il y a 2 ans. A mon diagnostic, je ne marchais  que 300 m, et aujourd’hui je fais des périples sur de grandes distances. À pied je fais « régulièrement » des marches de 150 km sur plusieurs jours bien sûr. Avec ces trois sports, vélo, kayak, et marche, mon plus grand parcours a été de 685 km en cumulant toutes les activités et en les enchaînant sur 30 jours. J’adorais l’idée de faire un triathlon en mélangeant trois sports dans trois conditions différentes. J’avais les trois sports, il ne me manquait donc que le parcours. Du coup j’ai fait le tour du lac Léman en kayak, Évian-Lyon en vélo (tandem puis handbike), et Lyon-Le-Puy-en-Velay à pied. C’était en juin 2018.

Afin de gérer au mieux mes défis sportifs et mes interventions bénévoles. J’ai créé ma propre association : « Les Défis d’Armand ». Cela me permet également, à chaque fin d’année, de faire un don à la recherche sur la sclérose en plaques. Pour le moment, j’ai reversé 13 000 euros à la recherche en quatre ans. Pour eux, ce n’est pas grand-chose par rapport à tous les besoins, mais pour moi c’est énorme de pouvoir contribuer même à ma petite échelle.

Quels seront vos prochains défis ?
Le prochain très gros défi à venir est prévu pour le mois d’août 2019*. Nous serons quatre malades, quatre valides, deux guides et un cameraman. Nous partons au Spitzberg, une île norvégienne en mer du Groenland. Le but sera de montrer qu’ensemble on peut aller au bout du monde. Sur 3 semaines, nous prévoyons de faire environ 350 km de kayak pour franchir le 80° parallèle Nord, le dernier avant le pôle. L’objectif est aussi de sensibiliser au réchauffement climatique, car normalement cette partie du globe devrait être recouverte par la glace. Nous souhaitons donc faire le parallèle entre nous, malades neurologiques, et l’environnement pour lequel il y a aussi quelque chose qui cloche.

Les trois autres malades qui participeront au périple sont eux aussi atteints de sclérose en plaques mais d’une manière différente pour chacun. Cela montre qu’il n’y a pas une seule sclérose en plaques, que nous sommes tous différents.

Par exemple, l’un d’entre-nous a beaucoup de problèmes de motricité, un autre a beaucoup de douleurs et de problèmes de spasticité. Le troisième a plutôt très bien récupéré dans beaucoup de domaines, sa maladie passe inaperçu aux yeux de tous. Pour ma part, ce sont essentiellement des symptômes sensoriels. Tous les défis que nous nous lançons font avant tout appel à notre mental. Nous tenons aussi compte de la maladie et nous savons lever le pied quand c’est nécessaire.

 

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