Histoire du lycée

Histoire du lycée

Par admin lyc-frederic-fays, publié le vendredi 19 août 2016 16:27 - Mis à jour le mercredi 21 septembre 2016 15:52

DE L’HÔPITAL-HOSPICE AU LYCÉE

Source : article rédigé par les Archives municipales de Villeurbanne

 

Le grand lycée Frédéric Faÿs présente aujourd’hui un ensemble de bâtiments contrastés : la façade la plus ancienne, 46 rue Frédéric Faÿs, est celle d’un imposant bâtiment du début du XXe siècle, qui servit pendant la première moitié de ce siècle, d’hôpital et d’hospice pour les vieillards indigents. Réaménagé en établissement d’enseignement, le site ajoute, aujourd’hui, aux anciens locaux médicaux réhabilités, un lycée à l’architecture très contemporaine, inauguré en 2013.

 
L'hôpital-hospice, projet politique et social de Frédéric Faÿs

De 1880 à 1900, la ville industrielle de Villeurbanne voit sa population tripler, frôlant les 30 000 habitants. La municipalité de gauche dirigée de 1892 à 1903 par Frédéric Faÿs accompagne cette croissance rapide en édifiant de nouvelles écoles, un hôtel de ville, en même temps qu’apparaissent les moyens de transport modernes avec notamment  la ligne de tramway Charpennes-Cusset en 1895 et l’électrification de la ville grâce à la mise en route de l’usine hydro-électrique de Cusset.

Elle fait œuvre sociale en 1902 en posant la première pierre d’un hôpital qui assure aussi les fonctions d’hospice de vieillards et de gardiennat pour les enfants dont les parents sont hospitalisés. Il s'agit d'abord d'assister une population pauvre sans cesse croissante, dénuée de toute aide sociale, et par là de substituer la solidarité républicaine à la charité catholique, dans l’esprit du radical-socialisme. La municipalité doit aussi se mettre en conformité avec la nouvelle loi de 1905 qui l’oblige à prendre soin de ses vieillards indigents. De plus, la construction d'un établissement indépendant des puissants Hospices Civils de Lyon réaffirme les ambitions du pouvoir local dans un contexte de résistance aux tentatives d'annexion par la ville de Lyon. Décédé en 1903, le maire ne verra pas l’achèvement du projet social et politique que constitue cet hôpital-hospice.

Le site choisi sur la Balme viennoise, promontoire géographique du quartier de Cusset, où selon les termes d’une délibération du conseil municipal, « l’air est pur et la population peu dense », réunit les avantages de proximité du terminus du nouveau tramway, des écoles et … du cimetière. L’architecte pressenti, Firmin Allemand (1843-1936), s’est déjà fait connaître par la construction du bâtiment scolaire du cours Emile-Zola, inauguré en 1895.

L’hôpital-hospice est inauguré le 13 octobre 1907 après quelques procès contre les entrepreneurs pour malfaçons ; il aura fallu attendre cinq années pour que les bâtiments construits entre 1902 et 1903 accueillent les 152 premiers malades et 242 personnes âgées dépendantes en juin 1907. En 1908, est ajouté le pavillon Sud qui constitue l’hospice de vieillards de 275 lits. Parallèlement sont aménagés des parcs, vergers et jardins potagers dans le but d’assurer l’approvisionnement des cuisines à moindres frais. La fonction du gardiennat pour enfants disparaît en 1921 : les enfants sont recueillis par le Département et ses locaux sont réaffectés à l’accueil des vieillards en fin de vie.


Fonctionnement

L’hôpital-hospice connaît trente-six années d’activité au cours desquelles ses fonctions se détériorent sous la pression des évènements, guerres et crise économique. Durant les premières années, les médecins interviennent bénévolement et à tour de rôle : ce sont les docteurs Dolard, Frappaz, Grandclément, Goujon, dont les noms ont été donnés aux voies et places de Villeurbanne.

La guerre de 1914-1918 bouleverse la vie de l'hospice : le pavillon sud est réquisitionné pour les soldats atteints de maladie infectieuse. Les vieillards sont alors logés dans des conditions déplorables dans l'école de Cusset : obligation leur est faite de se déplacer jusqu'à l'hôpital pour prendre leurs repas sous les intempéries. La mortalité s'en accroît d'autant.

De 1931 à 1934, la crise économique mais aussi la priorité donnée au grand projet de construction des Gratte‑Ciel font abandonner les travaux nécessaires à l'hôpital-hospice jugé délabré par la municipalité. Gratuit pour les pauvres, moins cher que les hôpitaux ­lyonnais pour les malades soumis à une participation financière, l’hôpital populaire ­assure pourtant jusqu’à 44 000 journées d’hospitalisation en 1935. Mais l’inauguration de Grange-Blanche en 1933, nettement mieux équipé et alors considéré comme l’un des meilleurs hôpitaux du monde, va progressivement détourner les patients à son profit.


Les derniers jours de l'hôpital

La guerre de 1939-1945 conduit progressivement à la fermeture. Victor Subit, président de la délégation spéciale nommée en 1939 révoque certains membres du personnel, puis met fin à l’activité de l’hôpital tout en préservant l’hospice en juillet 1941. Malgré une tentative de rétablissement de l’hôpital le premier semestre 1943, malades et vieillards sont sommés d’évacuer rapidement les lieux pour faire place à l’armée allemande qui y demeure jusqu’aux journées insurrectionnelles d’août 1944 qui précèdent la libération de Villeurbanne. Pillage et bombardement accompagnent le départ de l’armée allemande : le 26 août 1944, le dôme est incendié et ne sera jamais reconstruit à l’identique. A la Libération, le bataillon F.T.P. Henri Barbusse réquisitionne le bâtiment et s’y installe un mois durant, suivi de détachements polonais puis soviétiques jusqu’en juin 1945.

Dernier avatar enfin, il est désaffecté par décision du ministère de la Santé en 1950 et sa propriété en est dévolue aux Hospices Civils de Lyon. Pour la ville de Villeurbanne, la disparition du matériel, de la literie, les dégâts dus aux bombardements, rendaient trop coûteuse sa réouverture. Mais, situation paradoxale pour elle, décidant dès 1946 de réaffecter ces locaux à l’enseignement, il ne lui reste plus qu’à racheter un bâtiment construit -en partie- sur ses deniers, quarante ans plus tôt.


Du cours complémentaire de 1947 au collège technique municipal de 1954

La Ville compte alors 80 000 habitants et ses besoins scolaires sont importants : il n’y existe ni lycée, ni collège moderne, ni collège technique. Lazare Goujon, de retour à la tête de la municipalité en 1947, charge celui qui l’avait battu aux municipales de 1935, Camille Joly – alors directeur du cours complémentaire de garçons, créé avant-guerre au 51 rue du 4-août, et de la section d’apprentissage « métallurgie » et « bois » de la rue Dedieu -, d’assurer leur transfert dans le vaste bâtiment. Sous sa direction, la section professionnelle se transforme avec l’aide de l’État, en collège technique municipal en 1954. Puis, en 1956, ouvre un Centre d’apprentissage avec une section « mécanique » et une section « métaux en feuille ».

 

Le lycée depuis 1974

En 1974, l’établissement devient lycée mixte d’état et s’ouvre aux jeunes filles. Le 25 février 1977, le bâtiment devient propriété de la Communauté urbaine de Lyon. Enfin, les lois de décentralisation de 1983 remettent l’équipement du lycée à la charge de la Région Rhône-Alpes : les ateliers sont alors réaménagés, un Centre de documentation et un restaurant self-service sont rajoutés.

Enfin, un projet de restructuration complète des 11612 m² de locaux aboutit à la disparition de certains bâtiments vétustes, à la réhabilitation de celui du Gardiennat et à la construction d’un nouveau lycée sous la direction des architectes Raphaël Pistilli et Christian Jacquemet. L’ensemble est inauguré le 7 mai 2013 au bout de cinq années de travaux.

Aujourd’hui le lycée accueille environ 900 élèves répartis en 2 établissements : un lycée professionnel à vocation industrielle et un lycée d’enseignement général et technologique avec enseignement supérieur (BTS constructions métalliques, industrialisation des produits mécaniques, conception et réalisation en chaudronnerie industrielle). En outre, il scolarise des sportifs de haut niveau grâce à des horaires aménagés.

Parallèlement à la formation initiale, le lycée Frédéric Faÿs est également actif dans la formation continue.

 


 

Bibliographie

Perrier (Jacques) Villeurbanne historique et biographique, Association typographique lyonnaise (ATL) 1928, voir p.141-142.

François (Raymond), Voiland (Nicole), Grard (Dominique), 1902-2002 : de l’hôpital de Villeurbanne au lycée Faÿs, plaquette, éd. Ville de Villeurbanne, 2002.

Souquet (Nathalie),  De l'hôpital-hospice de Villeurbanne au lycée Faÿs, dossier de Master1 en Histoire de l'Art/ Patrimoine sous la direction de Dominique Bertin, Université de Lyon 2, 2014.