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Une lycéenne défend les droits de l'enfant...

Par BLANDINE BERNE, publié le mercredi 4 avril 2018 10:07 - Mis à jour le vendredi 6 avril 2018 21:12
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Jade L, de 2nde1, a brillamment participé à la demi-finale académique du concours d'éloquence organisé en partenariat avec l'UNICEF... voici son discours !

Le mercredi 23 mars, dans le vieux Lyon, précisément dans l'auditorium du Musée Gadagne s'est déroulée la demi-finale d'un concours d'éloquence regroupant 13 candidats, en seconde ou en terminale, représentant 13 lycées du département du Rhône.

Ils répondaient à la proposition de l'UNICEF et participaient à un concours d'éloquence pour la défense des droits des enfants du monde : droit à la santé, droit au respect en tant que fille, droit à l'éducation... thèmes variés parmi lesquels notre représentante pour le lycée Faÿs, Jade LAURENT de 2nde 1, avait choisi un autre thème que je vous laisse découvrir dans la transcription et l'enregistrement de son discours.

 

1...2...3...4...5. Un enfant âgé de moins de dix ans vient de mourir. Mais pourquoi ?

Dans les pays en cours de développement, la majorité de la population souffre de malnutrition. En effet, sans accès aux ressources alimentaires, les enfants n'ont pas un apport suffisant d'éléments nutritifs indispensables à leur bon développement. Et par conséquent, de graves maladies se génèrent. Ils peuvent en perdre la vue, ou la vie.

A l'inverse, dans les pays développés, pour la majorité des enfants, la sécurité alimentaire n'est plus une menace depuis plusieurs années ; bien qu'il reste encore des exceptions sur ces territoires. Mais n'oublions jamais que, suite à la guerre, la malnutrition demeurait encore dans notre pays, il y a deux ou trois générations en arrière. C'était la génération de mes arrières-grands-parents, de vos grands-parents ou de vos parents, c'était il y a vraiment pas si longtemps que ça. C'est à nous désormais d'aider ceux pour qui la sous-alimentation est encore un réel problème, que ce soit dans notre pays ou dans les pays étrangers.

Aujourd'hui, des problèmes d'obésité chez les enfants sont de plus en plus fréquents, en Australie ou au Mexique par exemple, et certains en meurent aussi. Alors comment pouvons-nous imaginer qu'un enfant meurt toutes les cinq secondes du fait d'un manque de nourriture quand, à l'inverse, d'autres meurent d'obésité ?

Manger est un droit, oui. Mais au délà de ça, manger c'est vivre. Alors pour toutes ces “petites” choses qui, finalement, sont indispensables à la vie, on ne devrait pas les considérer comme des droits. On devrait créer une catégorie spéciale pour toutes ces petites choses qui finalement sont bien plus que des droits. Chaque enfant devrait pouvoir venir au monde en ayant l'assurance de pouvoir manger ; car manger, c'est vivre. Et malheureusement, la réalité est tout autre vu que, encore en 2018, un enfant meurt de faim toutes les cinq secondes.

Faisons des dons, des manifestations, des missions humanitaires, faisons tout ce qui est possible d'être réalisé par 7 milliards de personnes afin de sauver l'avenir. Un jour, un copain m'a dit qu'agir seul, c'était ridicule. Mais attendez, le ridicule a-t-il déjà assassiné quelqu'un ? Si le manque de nourriture tue, le ridicule, lui, ne tue pas. Alors je préfère prendre le risque d'être risible en tentant de vous expliquer l'impossible, plutôt que de m'éclipser derrière ce genre de clichés.

Car, mesdames et messieurs et ceux qui ont mon âge, je vous laisse le soin de comprendre que ce copain n'est pas une personne qui agira en faveur de tous ces enfants. Et croyez moi, ce n'est malheureusement pas le seul. Mais ce n'est absolument pas en tenant ce genre de propos que nous sauverons leur avenir. Car qui ne tente rien n'a rien.

A ce moment là, j'ai compris que si le monde se mobilisait, on pourrait créer l'énergie la plus forte que nous n'aurions jamais rencontrée. C'est cette force qui touchera tellement de gens autour de nous et qui les influencera. C'est comme ça que nous devons sauver des pays comme la Namibie ou l'Ethiopie de la malnutrition. Notre passage sur terre est infime, mais derrière nous il y a un avenir. Et l'avenir, ce sont les enfants du monde. C'est l'héritage que nous devons leur laisser. C'est ainsi que notre mémoire restera dans les actes de ceux et celles que nous aurons inspirés sur des modes divers et variés.

Et je finirai par dire que, notre silence, c'est notre complicité. Personnellement, je refuse d'être complice d'une telle catastrophe. Et vous, que choisissez-vous ?

Avant toutes choses, je vais vous proposer une petite expérience. Regardez votre enfant, yeux dans les yeux. Remémorez vous tous les bons moments que vous avez passés avec lui puis comptez jusqu'à cinq. Et après ces cinq secondes, imaginez ne plus jamais le revoir de votre vie entière. Alors ? Accepteriez-vous un tel cauchemar ? Evidemment non. Sachez qu'il y a des mères, des pères, à qui l'on ne demande pas juste d'imaginer le pire, car le pire arrive et la vie de leur enfant leur est arrachée.

Mon propos n'est pas de vous dire que vous êtes coupables, mais que nous devons agir, tous. Et je suis intimement convaicue que vous, et moi, et lui, et elle, et eux, nous pourrons changer le monde quand nous aurons décidé d'agir. Mais en attendant, notre silence tue des enfants qui ont pourtant le même droit que nous, celui de manger. Nous sommes criminels malgré nous.

Alors continuons ce combat essentiel et agissons. Mais agissons vite, parce que la vie n'attend pas, et que depuis le début de mon discours, environ 45 enfants de moins de dix ans sont morts des conséquences de la malnutrition.

Elle a impressionné les professeurs ou camarade venus l'encourager par son aplomb, sa justesse de ton car il fallait de l'éloquence mais aussi de la mémoire et des qualités d'argumentation !

Même si elle n'a pas été sélectionnée pour la finale d'avril, nous avons été touchés par son énergie à défendre des convictions sincères en choisissant ses mots et en les offrant d'une voix assurée au public déjà nombreux.

 

Bravo à elle pour son courage car chacun des jeunes lycéens était un candidat remarquable et nous avons tous passé une après-midi pleine d'optimisme malgré les problèmes soulevés dans leurs discours, en les entendant ainsi défendre les droits de l'homme et en particulier ceux des enfants.

Article disponible aussi sur le journal du lycée : blog.lycee-fays.fr/

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